Serge Marcoux @ Progfil

Serge Marcoux @ Progfil

Serge Marcoux @ Progfil: Est-ce que cette chronique origine de 1996 ou de 1945? LOGOS offre la réponse avec ce quatrième album inspiré de l’histoire d’une fillette japonaise qui, alors qu’elle était âgée de deux ans, a été exposée aux radiations de la première bombe atomique utilisée sur les humains à Hiroshima. Trois jours plus tard après ce fatidique six août 1945, c’était au tour de Nagasaki de découvrir l’horreur avec une deuxième bombe américaine !

« Sadako e le mille gru di carta » est l’histoire de cette fillette morte de la leucémie à l’âge de onze ans après avoir fait six-cent-quarante-quatre origamis d’une grue, un oiseau hautement symbolique au Japon. La légende dit qu’une personne qui fera mille origamis d’une grue verra son souhait se réaliser.

Dans le cas présent, ce sont ses amis qui ont complété les grues manquantes après son décès. Deux statues sont dédiées à Sakado, une à Hiroshima et l’autre à Seattle. Depuis sa création en 1996, LOGOS s’emploie à réaliser notre souhait, celui d’un autre album de rock progressif italien à classer parmi les grands qui ont fait l’histoire de notre genre chouchou en Italie.

À l’origine, le groupe s’employait à offrir aux oreilles progressives des reprises de LE ORME et de BANCO. Admettez avec moi qu’il s’agit d’un excellent moyen d’apprentissage puisque ces groupes ont réalisé des classiques du rock progressif, tous pays confondus. Un premier album en 1999, « Logos », suivi de « Asrava » en 2001 reçoivent un accueil favorable et constituent de belles cartes de visite.

Cependant, c’est en 2014 avec « L’enigma della vita » que le groupe attire sérieusement l’attention des amateurs. Ce fut clairement un de mes préférés cette année-là. Le groupe venait de passer en vitesse supérieure. Nous pouvions légitimement craindre la perte du guitariste d’alors, MASSIMO MAOLI.

Encore faut-il signaler que celui-ci fait une apparition remarquée sur la pièce titre en tant qu’invité. Mais que cela ne tienne, les claviéristes LUCA ZERMAN et CLAUDIO ANTOLINI se sont retroussés les manches pour ajouter du talent, du muscle et de la présence aux claviers. FABIO GASPARI a ajouté d’autres cordes à son arc … ou à sa basse via celles des guitares et de la mandoline. De plus, ALESSANDRO PERBELLINI est revenu officié de grande façon derrière les futs.

Soulignons qu’il était le batteur régulier des deux premiers disques et qu’il avait joué en tant qu’inviter sur un morceau du troisième. Parlant d’invités, en plus de M. MAOLI à la guitare, ELISA MONTALDO, fondatrice et claviériste d’IL TIEMPO DEL CRESSIDE chante sur « Il sarto ». Sur ce même morceau, SIMONE CHIAMPAN joue de la batterie. C’est la troisième fois qu’il tient ce rôle comme invité sur un album de LOGOS, un habitué quoi. Finalement, le rôle joué par FEDERICA ZOCCATELLI au saxophone sur « Paesaggi di insomnia » est à souligner.

C’est avec des nappes de clavier et des roulements de batterie que s’ouvre l’histoire de Sakado et des milles grues de papier, « Origami in sol ». Une courte introduction instrumentale explosive, jouissive et joyeusement symphonique. Une mise en bouche musicale parfaite pour le festin qui suit.

Les paysages d’insomnie dont il est question dans « Paesaggi di insomnia » sont ceux des paysages gris d’Hiroshima voilés par une poussière radioactive. Après quelques minutes à peine, l’auditeur sait qu’il aura droit à un repas royal. Après quelques minutes, j’étais conquis. Le jeu des claviéristes relève de la beauté et de la dextérité. Synthétiseurs virevoltant, orgue bien appuyé, on écoute, on sourit, on en veut encore. La rythmique avec une basse vigoureuse, presqu’agressive, permet aux quatre mains d’offrir une prestation de haut niveau. Le saxophone de FEDERICA ZOCCATELLI fait des merveilles.

Il virevolte entre la douceur, la rondeur et la folie. Les onze minutes paraissent trop courtes. Peut-importe, soyez heureux et ne vous faites pas de souci car « Un lieto inquietarsi » poursuit dans la même veine musicalement nourrissante. Un autre morceau qui passe la barre des dix minutes avec un petit côté ELP très digestible et qui ne goûte pas pour autant le déjà-vu. Sur celle-ci, les synthétiseurs s’en donnent à cœur-joie, l’orgue ponctue de nombreuses minutes de cette pièce, il va sans dire étant donné l’affiliation. Par moment, la basse est très appuyée, bien grasse, bien dodue, donc tout à fait délectable, merci M. GASPARI. Un morceau à s’en lécher les oreilles! Puis c’est le tour d’un délicieux intermède pastoral.

C’est la voix de Dame Montaldo qui caresse délicatement nos conduits auditifs. Pour donner une idée du goût délicat de la plus courte pièce du disque, imaginez un début qui flirte avec « A whiter shade of pale », ajoutez des pincées de guitare sèche, des claviers savamment et doucement glissés dans la préparation et une finale où des sons d’accordéon offrent une saveur italienne à cette ballade qui pourrait vous rappeler LE ORME. On poursuit ou on repart avec le sac à dos à l’hélium.

Le début de « Zaini di elio » est plutôt symphonique mais change rapidement pour devenir une pièce enjouée aux mélodies virevoltantes et captivantes avec toujours ces prouesses musicales qui apparaissent mieux après quelques écoutes. Certains passages m’ont rappelé un peu EKSEPTION ou TRACE. Tout au long de l’album, le chant en italien de LUCA ZERMAN est fort beau, bien posé et laisse quand même beaucoup d’espace aux passages instrumentaux. Ici aussi, les synthétiseurs offrent un festin aux amateurs de ce clavier emblématique du prog. La finale grandiose et symphonique à souhait peut rassasier n’importe quel amateur de musique.

« Sadako e le mille gru di carta » pourrait se terminer après ces quarante-trois minutes et vous jugeriez que vous avez un excellent opus ente les mains. Pourtant, lorsque le piano de la pièce titre perce le silence, vous êtes de nouveau attentif. Le ton est grave, solennel même. Ici LOGOS touche le cœur de son album et le volet le plus émotif puisque c’est l’histoire de Sakado mais aussi de la folie des humains et de cette guerre.

Lorsque l’intensité augmente via les nappes de clavier et la rythmique, vous savez que votre dessert sera copieux et savoureux. Le jeu des claviéristes comblera votre appétit de notes savantes et mélodieuses et la guitare de MASSIMO MAOLI vient apporter une saveur supplémentaire fort bienvenue. Encore une fois, le synthétiseur est venu survolter mon écoute quand ce n’était pas la guitare qui le faisait à son tour. Pendant vingt et une minutes, vous aurez doit à toute la gamme des saveurs progressives italiennes, passages symphoniques, changements de rythmes, chant rempli d’émotions, court interlude piano et basse, solos divers, etc.

Le morceau complémentaire est une version écourtée, dite radiophonique, des vingt et une minute précédente. En cette année si particulière qui marquera notre histoire comme elle fut marquée par Hiroshima et Nagasaki, LOGOS offre un album symbole de leur résilience et de celle, à sa manière, d’une petite japonaise victime de la folie des hommes. Voici un album qui marquera mon année musicale. Écoutez-le pour savoir à quel point il vous touchera !

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Serge Marcoux @ Progfil, LOGOS s’emploie à réaliser notre souhait, celui d’un autre album de rock progressif italien à classer parmi les grands qui ont fait l’histoire de notre genre chouchou en Italie

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